Se plaindre ou agir ?

Depuis l’annonce des mesures du budget de M. Lecornu et de son projet de loi de financement de la sécurité sociale, je vois fleurir sur les réseaux sociaux l’indignation de confrères et consœurs devant les mesures injustes et vexatoires qui risquent de toucher la profession.

À raison, quand on voit l’iniquité de certains articles :
– régulation des tarifs en fonction des volumes,
– augmentation des cotisations sociales,
– maîtrise des « dépassements d’honoraires »,
– obligations sur le DMP avec pénalités…


Quand je lis les commentaires, je lis toute l’inquiétude parfaitement légitime de la profession.

Mais certains autres me laissent tout simplement triste :

  • « les syndicats ne servent pas à grand-chose »
  • « ils utilisent nos syndicats comme Poutine utilise les partis opposants »
  • « la compromission des syndicats »
  • etc…

En plus d’être faux, cela invisibilise tout le travail réalisé par nos cadres pour défendre nos confrères et consœurs qui subissent des litiges ou des plaintes. Cela occulte nos efforts pour promouvoir notre profession et l’exercice libéral dans les instances nationales ou régionales. 

Notre travail n’est pas toujours “flashy” ni visible, mais il est omniprésent et ancré dans le quotidien.

Pensez-vous que les syndicats de la profession ont été consultés avant ces annonces budgétaires ?
Pensez-vous réellement que nous pourrions avoir validé ces mesures ?

Sachons raison garder ! Le gouvernement a toujours utilisé cette méthode de frapper à tâtons pour récupérer quelques millions, sans tenir compte de l’avis des professionnels de terrain.

Rappelons-nous que ce PLFSS, en l’état, va être d’une dureté incroyable pour nous, mais aussi pour nos patients et patientes, ainsi que pour les autres professions de santé : doublement des franchises sur les médicaments, transports médicaux et certains soins, imposition des indemnités d’arrêt de travail pour les maladies chroniques, globalement 13 milliards d’économies sur la Sécurité Sociale et 7 milliards sur la santé.

Rappelons-nous qu’il s’agit de projets politiques, et que c’est notre rôle en tant que citoyen et citoyenne de protester contre ces mesures.
Rappelons-nous que ceux qui font les lois sont élus ou nommés, et que notre confrérie a son mot à dire, que ce soit en s’indignant, en protestant ou en votant

La FSDL, bien évidemment, ne reste pas inactive ! Depuis l’annonce du projet de loi, nous travaillons pour proposer des amendements par les députés et sénateurs avec lesquels nous avons tissé des liens au cours des années.
Nous sommes également à l’écoute des autres syndicats médicaux et verrons si nous appelons la profession à se mobiliser avec eux. 

Ces actions de lobbying échoueront peut-être ou au contraire donneront des résultats probants. Le gouvernement pourrait également être censuré entre-temps. Dans tous les cas, nous ferons le bilan de nos actions lors des prochains mois. Mais la FSDL a toujours été un syndicat combatif et ne cessera d’agir pour défendre la profession.

J’en profite pour rappeler que ce travail de fond est chronophage et mobilise grandement nos ressources. La FSDL est libre et indépendante, animée par des chirurgiens-dentistes qui s’investissent en plus de leur temps de cabinet, et dont les moyens proviennent à 96% des adhésions.

Si vous pensez que nos actions sont inutiles, venez découvrir l’envers du décor et la pugnacité avec laquelle nous œuvrons, le plus souvent dans l’anonymat des territoires. Venez observer la charge colossale de travail abattue par nos cadres pour vous représenter. Venez mesurer l’énergie déployée pour faire entendre la voix des chirurgiens-dentistes libéraux. Venez constater le nombre d’adhérents qui nous remercient du soutien, de l’aide et de l’empathie apportés à leurs soucis du quotidien.

Donnez-nous plus de moyens d’agir en adhérant.

Et d’une manière volontairement provocatrice, je terminerai ce parti pris par un message envers les pleurnicheurs des réseaux : cessez de vous poser en victime et prenez votre destin en main. Ne vous demandez pas ce que le syndicat peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pourriez lui apporter. Il n’y aura pas que des victoires, mais au moins le sentiment d’avoir fait sa part.

Et surtout, un énorme merci à toutes celles et ceux qui nous font confiance. C’est grâce à vous que notre engagement prend tout son sens.