La négociation n’est pas un jeu

Pour la séance plénière des négociations conventionnelles du 16 mars 2018 , le Directeur de la CNAMTS avait demandé aux syndicats de présenter leurs contre-propositions. La FSDL, suivant sa ligne directrice depuis 1 an et demi en négociations, a proposé une alternative au projet « peu engageant », pour ne pas dire inacceptable de la CNAMTS.
Nous avons été surpris de constater que seule la FSDL souhaite encore faire bouger les lignes, à croire que tout est déjà décidé et que désormais le seul objectif de ces négociations conventionnelles est la répartition des actes prothétiques dans les 3 fameux paniers ( RAC zéro, RAC maîtrisé et honoraires libres).

Si tout est déjà acté,  pourquoi nous demander d’apporter des solutions nouvelles ou du moins d’essayer d’infléchir la politique bucco-dentaire actuelle ?

Et que dire des propos agressifs proférés à notre encontre en pleine séance par des dirigeants d’un syndicat minoritaire, qui pour se donner bonne conscience, s’est autoproclamé le syndicat de l’Union« Vous ne jouez pas le jeu, c’est insupportable ! » : Voilà ce que nous avons entendu.
Non contents de se discréditer en pleine séance , ces négociateurs se trompent d’adversaires et affaiblissent la profession qui se doit d’être solidaire devant nos interlocuteurs.

Alors de quel “jeu” s’agit il vraiment ?

  • Programmer la faillite de plus d’un tiers des cabinets dentaires français ?
  • Mettre en place une dentisterie low cost où les couronnes « Mac Crown » couleur lavabo deviendraient la norme ?
  • Supprimer tout espace de liberté tarifaire, avec un chirurgien dentiste réduit à établir son plan de traitement en fonction des ordres d’un État tout puissant ?
  • Imposer les tarifs sociaux pour tous nos patients sans tenir compte de l’évolution des plateaux techniques ?

Ce n’est pas de cette façon que la FSDL souhaite « jouer » avec la défense de la profession ou la santé des français.
La priorité demeure pour tous nos adhérents, nos cadres et nos négociateurs la valorisation des soins conservateurs à un niveau décent et une dentisterie qui respecte le gradient thérapeutique, tout en s’inspirant des modèles scandinaves et allemands pour la prévention.

Il est peu probable que nous acceptions de “jouer les épiciers » dans les semaines à venir si notre rôle devait se cantonner au remplissage des “petits paniers” de prothèse, car la priorité reste l’indication thérapeutique et c’est elle, et elle seule, qui guide notre pratique.

La FSDL a demandé la suppression du panier RAC maîtrisé car il n’est pas l’objet d’une promesse électorale démagogique comme le panier RAC zéro auquel nous restons opposés si aucun objectif de santé n’y est accolé. Il serait utile de ne pas rajouter des plafonds supplémentaires inacceptables pour permettre une meilleure visibilité pour nos patients.

Nous avons également souhaité que la priorité des revalorisations porte sur les soins conservateurs. L’enveloppe budgétaire étant contrainte, la levée de l’opposabilité (plafonnée à 300%) sur les actes d’endodontie et les extractions est devenue inéluctable. (Lien vers nos simulations chiffrées en bas de page)

Une indexation des valorisations pour les soins selon les critères de l’INSEE doit être actée dans cette convention : nous savons parfaitement par expérience que, dans le cas contraire, nos honoraires resteront gravés dans le marbre pour les 30 prochaines années.
Si l’indexation des bases de remboursement n’est pas respectée, la convention devra être annulée, c’est le seul moyen de faire respecter les promesses de nos politiques.

Le taux URSSAF, unique et insupportable pour bon nombre de cabinets, devra être recalculé en fonction, non plus des bases de remboursements du tarif de convention mais des honoraires CMUc.

Nous continuerons à nous battre et à répéter sans cesse nos propositions jusqu’à obtenir le maximum de mesures permettant un changement de système, c’est pour cela que la profession nous a donné mandat lors des dernières élections URPS.

Nous ne fléchirons pas, nous ne capitulerons pas .

Nous prendrons nos responsabilités le moment venu, conscients des conséquences d’un règlement arbitral.

Nous comptons sur vous pour ne pas faire le jeu de notre Ministre et

         “Rester fier d’être un soignant et de défendre l’exercice libéral”.

 

Lire les contre- propositions de la FSDL présentées lors de la séance du 16 mars 2018

 

Patrick SOLERA
Président de la FSDL