En août 2023, notre syndicat a signé pour la première fois une convention*, entraînant bon nombre de commentaires de la part de nos concurrents syndicaux mais également des chirurgiens-dentistes en général.
Il est important de comprendre que depuis toujours, nous avons accepté cette difficile mission de négociation avec la CNAM et l’UNOCAM alors que la facilité aurait été de prôner le déconventionnement massif pour l’ensemble des chirurgiens-dentistes en France. Depuis sa création, notre syndicat a toujours défendu l’idée que l’on pouvait obtenir des avancées significatives au-delà des contraintes imposées par le contexte général où notre interlocuteur principal, la CNAM, est toujours en position de force. À défaut d’obtenir toutes les mesures indispensables pour un exercice en adéquation avec le coût de nos plateaux techniques, nous avons par notre détermination gagné des avancées notables. Notre détermination a aussi permis de bloquer l’application de bon nombre de textes mortifères pour la profession comme le plafonnement des onlays céramiques à 350 euros proposé par notre principal concurrent syndical en 2018. L’action de nos représentants a également empêché le retour de l’entente préalable, réclamée à chaque séance par les représentants des organismes complémentaires.
Vous aurez compris que l’exercice est délicat et nous savons parfaitement que le changement de paradigme est long et difficile.
Cependant, lors des dernières négociations conventionnelles, les discussions ont enfin pris le virage que nous réclamions : mettre en avant la prévention et la conservation tissulaire. Ce changement de mentalité est le résultat de 30 ans de combat contre les idées reçues, à savoir que l’acte prothétique est inévitable et que finalement, les honoraires de prothèse compensent la faible rémunération des soins conservateurs. Pour la première fois, les discussions ont porté sur des actes et un programme qui permettraient à une génération toute entière d’éviter la maladie carieuse. Nous avons aussi acté que des avenants porteront sur l’orthodontie dès ce début d’année ainsi que sur les tarifs indigents de la prothèse amovible en 2026.
Pour toutes ces raisons, 74% de nos cadres ont, en leur âme et conscience, accepté de signer pour la première fois un texte conventionnel, malgré les critiques formulées. Sans notre signature, la convention aurait été mise en place avec comme seul interlocuteur notre concurrent syndical. Nous aurions été écartés des discussions sur tous les avenants à venir, laissant le champ libre à un seul syndicat qui, par le passé, n’a pas montré beaucoup de résistance face aux nombreuses attaques.
Oui, les revalorisations des soins sont toujours en dessous des tarifs nécessaires à une dentisterie moderne. Mais aucun nouveau plafond prothétique n’a été rajouté aux précédents.
Oui, la régulation démographique actée dans la précédente convention de 2018 n’a pu être évitée et nous le déplorons, étant profondément libéraux dans notre ADN. Mais n’oublions pas que ces mesures ne concernent que 3% du territoire français (99 communes sur 35000). La FSDL a imposé à la CNAM que cette mesure ne s’appliquerait si et seulement si elle concernait en premier lieu tous ces centres associatifs qui ont pullulé comme la vérole ces dernières années, entraînant des dérives et des fraudes intolérables.
Au final, la profession a obtenu 616 millions d’euros (contre 235 en 2018) de revalorisations réparties sur 5 ans (ex : en 2026 les couronnes et bridges en zircone remplaceront les métalliques dans le panier 100% santé).
Au vu de la conjoncture actuelle et des incertitudes politiques, ces nouvelles mesures ne sont pas anodines bien que foncièrement insuffisantes.
Pour autant nous n’avons pas signé l’avenant 1 (concernant la mise en place du tiers-payant pour l’EBD et ses soins consécutifs) ni l’avenant 2 (report des nouveaux EBD au 1er avril 2025) car les discussions sur ce nouveau mode de paiement intégrant pour la première fois, non pas un payeur unique (AMO) mais un second intervenant (AMC) à hauteur de 40%, nous inquiètent tant sur le fond (cheval de Troie pour un Tiers-Payant Généralisé), que sur la forme (charge administrative alourdie pour le praticien).
À l’heure où j’écris ces lignes, les multiples réunions avec l’inter-AMC (prestataire en charge de la mise en place du Tiers-Payant sur l’EBD) ont abouti à une impasse tant les problèmes sont nombreux et loin d’être résolus.
La FSDL continuera à défendre les intérêts de chaque chirurgien-dentiste car nous ne sommes pas un syndicat « conventionniste » , signant tous les textes qu’on lui présente sans en mesurer pleinement les conséquences sur notre exercice. Nous sommes un syndicat « rassurément » libéral, réaliste, pragmatique et vigilant sur les évolutions de notre profession.
*La convention, qui régit l’exercice de notre profession, est négociée tous les 5 ans par les syndicats dits « représentatifs », l’UNOCAM (complémentaires santé) et la CNAM (Sécurité Sociale). Au cours de ces 5 ans de vie conventionnelle, des avenants sont négociés par les signataires, mais rien ne les oblige à les accepter, sachant que la convention continue d’exister sans leur validation. Les avenants 1 et 2 ont été signés par l’autre syndicat et sont parus au Journal officiel ces dernières semaines.
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