Tiers Payant Intégral …droit devant !

 

Combien de fois avons-nous répété ces 2 dernières années que ce funeste projet de RAC zéro serait concomitant à l’application obligatoire d’un Tiers Payant Intégral ?
Combien de fois la FSDL a-t-elle  dénoncé la volonté gouvernementale de supprimer définitivement l’indépendance des professionnels de santé ?
Combien de fois avons-nous pu constater que malgré le changement de ministres, les tentatives d’assujettir les chirurgiens-dentistes aux organismes complémentaires perduraient ?

Le soignant qui appliquerait le tiers payant obligatoire  perdra son indépendance thérapeutique et sera placé sous la tutelle et le bon vouloir de groupements assurantiels  financiers qui s’auto-proclament « organisateurs du soins ».
Ce n’est pas un hasard si Agnès Buzyn mercredi  23 octobre, dans la droite lignée de sa grande amie Marisol Touraine,  a affirmé au micro de RMC : « Nous sommes en capacité de proposer la partie tiers-payant sur les mutuelles (…) je tiens à ce que ce tiers-payant intégral soit disponible cette année.  Ce qu’il faut maintenant, c’est que chaque professionnel intègre cette nouvelle technique pour offrir le service aux patients (…) notamment pour le remboursement des lunettes, audioprothèses et du dentaire dans le cadre du 100% Santé ». Voir la vidéo

En 2019, lors de nos soirées convention, nous avions expliqué à nos consœurs et confrères que le RAC zéro n’était ni plus ni moins qu’un cheval de Troie du tiers-payant.
En effet, comment ne pas comprendre que ce panier Rac Zéro est bien une CMU bis pour tous les français, dont le mode de paiement ne peut s’effectuer qu’en tiers-payant pour une efficacité politique maximale ?

Le “hasard” du calendrier de l’annonce de Madame Buzyn est décidément favorable à tout cela car nous sommes aussi à 5 jours de la fusion de l’ACS (Aide à la Complémentaire Santé) et de la CMU en une seule et même entité : la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), dont le but est de couvrir toutes les personnes aux revenus modestes et d’en élargir le nombre de bénéficiaires.
Les prises en charge des contrats ACS disparaîtront au plus tard fin octobre 2020 et les bénéficiaires devront, à partir du 1er novembre 2019, faire une demande pour bénéficier de ce nouveau dispositif. Ne doutons pas que les travaux prothétiques et orthodontiques en cours pendant cette année de transition de gestion de l’ACS  donneront lieu à des contestations et des situations inextricables dont le chirurgien-dentiste sera toujours l’otage.

Fusion CMU ACS, en savoir plus

Paniers de soins CSS

Comme l’affirmait il y a peu de temps, Thierry Soulié, Président de la CNSD : « Si c’est gratuit, c’est que cela a peu de valeur ».  Sur ce point précis, nous ne pouvons qu’acquiescer devant autant de clairvoyance. Mais que penser cependant de l’affirmation suivante « … le souhait de la Ministre n’est pas d’imposer une obligation, aucune disposition légale ne liera le RAC zéro et le tiers-payant »,  déclamation dite au lendemain de la rencontre en juin 2018, entre les présidents de syndicats minoritaires signataires et Agnès Buzyn, un jour avant la signature de la convention?

Lire l’article de l’UD du 19/06/2018

Lire l’article de la CNSD du 20/06/2018

Il est impossible de concevoir que ces prises de position et de parole découlent de l’innocence, la naïveté ou de l’inconscience de la part de dirigeants censés protéger et défendre la profession de la mainmise totale des complémentaires santé sur notre exercice professionnel .

Au moment même où les demandes abusives de ces mêmes complémentaires fleurissent dans nos cabinets par l’intermédiaire de leurs dentistes consultants zélés, ces syndicats ne peuvent prétendre un seul instant (tactique de bas étage populiste) qu’ils se sont fait berner en signant une convention qui marque la fin de nos libertés individuelles. 

Il existe toutefois une explication rationnelle justifiant la capitulation de ces syndicats félons et nous la trouvons chez nos amis médecins qui viennent de mettre en place, par l’intermédiaire de leurs syndicats, un organisme centralisateur de gestion de tiers payant privé nommé PayMed, dont l’actionnariat mélange établissement de banque et syndicats signataires de la convention.
Que faudrait il penser de ces syndicats qui ne défendent plus aucune de leurs valeurs, ni convictions, mais proposent à la place des services payants ou des formations aux contraintes qu’ils ont eux-mêmes contribuées à mettre en place par leur signature (PCR, CCAM etc…) ?

Il est grand temps d’ouvrir les yeux et rendre inopérants budgétairement celles et ceux qui détruisent chaque jour un peu plus les conditions de notre exercice libéral. 

La FSDL viendra à votre rencontre dans les semaines et mois à venir pour vous préparer à la « seconde couche » conventionnelle, applicable dès le 1 er janvier 2020. D’ores et déjà nous planifions des soirées, gratuites, mais où la qualité de nos formateurs n’est plus à démontrer.
Ne ratez pas ce rendez-vous dans votre région, qui vous permettra d’échanger avec nos cadres et  resserrer les rangs en ces temps difficiles.

Patrick SOLERA
Président de la FSDL