Éradiquer les « marchands » de dents

Capture d’écran 2016-02-15 à 10.49.00Toute l’agitation médiatique de ces derniers jours sur le scandale des centres dentaires « low cost » Dentexia vient de démontrer que les pouvoirs publics, Ministère de la Santé et Agences Régionales de Santé n’avaient jamais pris en compte les nombreux signaux d’alerte que la profession toute entière (syndicats et Ordre) leur a adressée ces dernières années.
Il était prévisible que ce système mis en place par des «marchands» de dents, déjà condamnés par les tribunaux, allait se terminer par une escroquerie à grande échelle et un réel scandale de santé publique.

Des patients mutilés, poussés à réaliser des soins inutiles, payables par avance pour des montants exorbitants, baladés de centres en centres par des praticiens qui disparaissent, se retrouvent désormais à espérer qu’un procès intenté contre les dirigeants de ces structures leur permettra de retrouver un état bucco-dentaire acceptable.

Les liquidations judiciaires déjà prononcées seront suivies de propositions de reprise par d’autres «financiers véreux» qui, à leur tour, profiteront de la crédulité de patients en souffrance.
Il serait peut-être temps de mettre fin à cette mascarade une bonne fois pour toutes et retirer les agréments d’installation généreusement accordés ces dernières années (plus de 100 sur 2 ans) pour ces centres dentaires qui ne remplissent en aucune façon leurs missions de santé publique.
Le Préfet de la région Rhône Alpes, sollicité à plusieurs reprises par nos élus URPS locaux, a enfin pris conscience du réel danger et pris ses responsabilités en permettant la fermeture immédiate, via les ARS, de l’un de ces établissements à Lyon.
Nous nous félicitions d’avoir servi de « catalyseur » dans une action locale initiée depuis longtemps par les URPS Rhône Alpes et le Conseil Départemental de l’Ordre, et nous continuerons nos actions sans relâche avec la plus grande détermination pour que ce résultat se généralise à l’ensemble de notre territoire.

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Les mêmes journalistes, qui vantaient le modèle économique de ces centres, n’hésitent plus désormais à parler d’arnaque, d’escroquerie et de scandale sanitaire en insistant bien sur le nombre de patients lésés (plus d’un millier).
Nous savons déjà que dans les mois à venir, d’autres centres et d’autres patients escroqués viendront se rajouter au scandale « Dentexia ».
Notre rôle consistera à mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités afin qu’ils ne cautionnent plus un « modèle économique », sous couvert d’accès aux soins pour tous, qui n’est rien d’autre que la marchandisation de la santé bucco-dentaire avec les dérives constatées.

Faire croire qu’il était possible de délivrer des soins médicaux (ici prothèses et implants) à « prix cassés » est un véritable danger sanitaire car pour « boucler le chiffre d’affaire » il faut, soit refuser une partie des patients (enfants et patients à soins non rentables), soit diminuer les coûts entrainant des risques sanitaires par une baisse de la qualité et de la sécurité.
Les soins dentaires ne sont pas des « biens de consommation » et toute tentative consistant à détourner nos patients vers des « marchands » de prothèses ou d’implants à bas coût, qu’ils soient dans un centre ou dans un réseau type Santéclair conduit inévitablement aux mêmes dérives mercantiles inacceptables.

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La Santé n’est pas une marchandise !
La sécurité et la qualité ont un coût !

A nous de faire bouger les lignes afin de pouvoir obtenir les conditions d’un nécessaire rééquilibrage des soins orienté vers les techniques les plus conservatrices de l’organe dentaire.
Les négociations conventionnelles tripartites entre syndicats, Caisse Nationale d’Assurance Maladie et complémentaires santé auront lieu à partir de juillet 2016.

La FSDL exigera une prise en charge et la mise en place des conditions de revalorisation des soins conservateurs à la hauteur de nos plateaux techniques, seule solution pour que nous puissions TOUS remplir notre rôle de soignant et maintenir un accès à la santé pour chaque français.

Si nous n’obtenons pas ce préalable, aucune discussion ne sera possible et la levée de l’opposabilité sur les soins apparaitra comme une évidence, qu’elle soit acceptée ou non par nos politiques.
A l’image des médecins libéraux, qui ont enclenché un mouvement de contestation dès février et décidé d’appliquer les 35h, c’est à dire que lorsqu’une consultation est longue et se déroule après 17h… le tarif peut passer de 23 euros à 28 euros ou 33 euros selon les cas, les chirurgiens-dentistes devront également engager un bras de fer, seule manière d’obtenir les nécessaires avancées pour notre profession.

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Fort de notre place de syndicat majoritaire, notre détermination sera totale pour qu’enfin le chirurgien-dentiste retrouve sa place légitime de praticien médical et soignant de premier recours et éradiquer les « marchands » de dents.

Patrick trop bô

Patrick Soléra
Président de la FSDL