Mort annonçée de la médecine libérale.

dormontMme Brigitte Dormont déclarait le 19 avril sur France Culture que « la loi de Santé était la mort annoncée de la médecine libérale et que c’était une bonne chose. »
Mme Dormont est une économiste, professeur à l’Université Paris Dauphine et spécialiste de questions de santé. Ses prises de positions font référence au parti socialiste. En 2011 elle faisait partie du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM).

Cela confirme notre analyse qu’en France il existe une réelle volonté politique de détruire des principes qui garantissent la qualité des soins, le rapport de confiance entre un soignant et son patient et la liberté de chaque médecin de soigner selon les données actuelles de la science.
Quand on constate avec quelle arrogance, mépris et suffisance notre Ministre de la Santé se félicite d’avoir imposé une loi liberticide pour la santé de nos compatriotes, sans aucune concertation et sans tenir compte d’une opposition sans précédent (50 000 professionnels de santé du service public et privé qui défilent ensemble dans la rue le 15 mars), on peut se demander à qui va bien pouvoir, finalement, profiter le crime.

Pas besoin de vous faire un dessin, les complémentaires santé n’en demandaient pas tant et on vient de leur servir le « marché juteux » de la santé sur un plateau.
Avec ce Tiers Payant Généralisé, l’État va pouvoir tranquillement transférer la charge du remboursement des dépenses médicales à nos chères mutuelles et assureurs sans que personne ne s’en aperçoive…du moins pas nos patients qui verront dans l’augmentation soudaine de leur cotisation annuelle l’évolution normale d’une société en crise.
Pour que notre chère Sécurité Sociale, en faillite chronique, puisse procéder de la sorte, il fallait passer par la mise en place d’un plan en plusieurs étapes, machiavélique et irrémédiable.

Tout commença un matin dans les locaux d’une « grande mutualité » le 18 octobre 2012 où notre Ministre de la Santé prononça un beau discours qui annonçait la couleur: Accès aux soins pour tous et encadrement des honoraires des praticiens:

  • Développement des réseaux de soins mutualistes en légalisant les remboursements différenciés. On connaît le résultat pour la profession avec l’adoption de la Loi Le Roux (réseaux de soins) en janvier 2014 et pour les médecins un encadrement strict de leurs dépassements d’honoraires.
  • Par la suite, ce gouvernement décida d’imposer à chaque salarié français une mutuelle obligatoire au cas où il resterait quelques frondeurs.
  • Et pour finir cette fusée à 3 étages, il fallait une mesure forte, qui ne laisse plus aucun échappatoire pour le professionnel de santé et son patient : le Tiers Payant Généralisé.

Ainsi les réseaux de soins commerciaux type Santéclair, Kalivia, Itélis, Sévéane etc.…pourront ajuster et diminuer les plafonds sur nos seuls actes rémunérateurs sans augmenter d’un seul centime leurs prestations.
On ne rembourse pas mieux, bien au contraire si vous ne faites pas partie du réseau, mais on fait baisser les honoraires de vos praticiens ! Il fallait y penser, surtout lorsqu’on continue inexorablement à augmenter les cotisations de nos patients.
Le piège se refermera sur les praticiens partenaires de ce réseau qu’ils ne pourront quitter et les autres verront se multiplier chaque jour les détournements de patientèle à chaque devis délivré aux patients qui dépasse de quelques euros la grille tarifaire fixée.

Début juin auront lieu les premières procédures en chambre disciplinaire contre les praticiens adhérents à ces réseaux qui bénéficient de ces procédures illégales de détournement de patient, publicité et compérage.
Les décisions de justice qui en découleront seront capitales pour l’avenir de l’exercice libéral.
La FSDL a décidé, depuis 1997 et les premiers procès contre la MGEN et son protocole illégal, d’accompagner chaque adhérente ou adhérent qui serait victime de ces pratiques déloyales et anti déontologiques.
Les autres syndicats regardent cela de loin quand ils ne participent pas directement ou indirectement à ces détournements de patients. Dénoncer ou s’indigner que de telles pratiques puissent avoir lieu en se retranchant derrière une Charte de Bonnes Pratiques aussi inutile qu’inefficace démontre le peu de réactivité de ceux qui sont censés protéger notre profession.

La FSDL est la seule alternative pour nous sortir de cette impasse et nous protéger des conséquences de cette politique délétère pour l’ensemble de notre système de santé.

Quand il faudra voter pour désigner les représentants de la profession le 19 juin 2015 à la CARCDSF et en décembre 2015 aux URPS, tenez compte de tout cela et faites le bon choix !

Patrick Beau

Patrick Soléra
Président de la FSDL