11 mai

 

Chères consœurs, chers confrères,

 

Le lundi 11 mai 2020 marquera la fin d’une période de confinement de 2 mois qui restera à jamais gravée dans nos mémoires.

Quand la décision de fermer nos cabinets a été prise suite à la déclaration du Président de l’Ordre National, nous n’avons pas hésité une seule seconde. Il fallait réduire les points de rassemblement de la population à un moment où les hospitalisations explosaient dans les régions du Grand Est, mais également privilégier la distribution du matériel de protection individuel (masques, surblouses etc…) aux professionnels de santé qui ont pris en charge les patients contaminés.

Ce sens de la responsabilité nous honore et je suis persuadé que c’était la seule et bonne décision à prendre malgré les réticences de certains.
A ce titre, le rôle des Conseils Départementaux a été déterminant et je leur adresse  à nouveau, au nom de notre syndicat, nos plus sincères remerciements.

Et que dire du rôle essentiel des URPS, qui ont participé activement à l’approvisionnement en matériel pour les chirurgiens-dentistes de garde. Sans cette coordination entre les différents élus de ces organismes et les conseillers ordinaux, rien n’aurait été possible.
Dans toute crise, il y a des personnes qui sont mises en avant ou se révèlent et j’ai une pensée particulière pour Jérôme Gandois, Président de l’URPS Grand Est qui mérite ainsi que son équipe notre immense reconnaissance. Merci encore Jérôme d’avoir mis en place un pont aérien entre la Chine et la France, tout en étant le seul à garantir des marchandises conformes et certifiées.

Nous n’oublierons pas non plus de saluer le courage de tous les chirurgiens-dentistes qui n’ont pas hésité à se mettre à nu au sens propre comme au figuré alertant ainsi l’État. Notre profession a pu enfin être prise en considération et le Ministre Olivier Véran a bien voulu accorder, au même titre que les autres professionnels de santé en contact direct avec le virus, les masques FFP2 indispensables à une reprise d’exercice sereine.

 Pour autant, nous ne pouvons-nous réjouir de reprendre dans de telles conditions.

La distribution des masques et EPI que nous réclamions pour l’ensemble des chirurgiens-dentistes ne sera pas équitable. Entre les fausses promesses de matériel en stock par des fournisseurs peu scrupuleux, les vols annulés en provenance de Chine ou des frontières européennes qui ont fait de la rétention, nous ne serons pas toutes et tous équipés pour reprendre une activité professionnelle. 

Cette situation est déplorable et démontre l’abandon des pouvoirs publics et l’incompétence de nos politiques dans la gestion de la crise mais également de l’après crise.

Comment expliquer l’attitude inacceptable de nos assureurs privés, aux abonnés absents , aux clauses contractuelles opportunément avantageuses pour eux, déléguant abusivement leur rôle d’indemnisation à l’Uncam.

Cette aide sélective destinée à l’ensemble des praticiens conventionnés et permettant de réduire une partie de nos charges fixes part d’un bon sentiment, mais si les recettes de nos cabinets sont divisées par 2, combien de temps allons-nous tenir ? De même retirer les indemnités journalières perçues en cas de maladie, les forfaits compensatoires des gardes et régulations effectuées par des chirurgiens-dentistes volontaires et engagés est une décision incompréhensible et injuste. Il serait peut être judicieux de revoir intégralement le mode de calcul de ces indemnités.

Avec des équipements désormais indispensables dont les coûts ont été multipliés par 10, un exercice à venir qui va nécessiter de recevoir moitié moins de nos patients quotidiennement  selon  les recommandations éditées par notre CNO (en attente de validation par la HAS) et des trésoreries déjà dans le rouge, est-il acceptable de reprendre dans ces conditions sans que notre convention soit adaptée à cette crise sanitaire ? 

A ce sujet, le silence assourdissant du Directeur Général de l’UNCAM à 48 heures d’une supposée reprise est un signal négatif adressé à l’ensemble des professionnels de santé que nous sommes.
Il est impensable de ne pas prendre la mesure de cette crise et de son potentiel épidémique : aucun risque ne pourra et ne devra être pris pour nos patients, notre personnel de soin et nous mêmes.

Qu’adviendra t il quand les faillites ou les fermetures anticipées des cabinets dentaires verront le jour ?

Les inquiétudes et craintes au niveau sanitaire et économique que nous ressentons à l’approche de ce 11 mai sont parfaitement légitimes et il ne faudrait pas, une fois de plus, que nous soyons oubliés ou rayés définitivement de la carte des professionnels de santé.

LA FSDL veillera dans cet « après confinement » à ce que chacun assume ses responsabilités et rende des comptes si cela s’avère nécessaire.

En attendant à titre personnel, je vous souhaite, chères consœurs et chers confrères tout le courage nécessaire pour remplir à nouveau votre mission de soignant et vous assure que nous serons présents pour vous aider à  passer ce cap difficile mais pas insurmontable.


Patrick Solera
Président de la FSDL