Le grand silence

Depuis maintenant un mois, nous avons repris le travail dans des conditions « particulières » tantôt équipés de blouses de boucher-charcutier, de peintre en bâtiment ou dans certains cas habillés comme des cosmonautes sous respirateur artificiel.

Au-delà des recommandations de la HAS pour le moins un peu plus strictes que le comportement de nos chers concitoyens agglutinés sur les terrasses des cafés sans le moindre masque, nous sommes en droit de nous poser légitimement quelques questions sur le devenir de nos cabinets soumis à de rudes contraintes économiques et à la pénibilité à long terme du port continu d’un tel accoutrement.

Que penser également de l’indemnisation CNAM  versée à certains praticiens en comparaison du temps perdu entre chaque patient à nettoyer et aérer notre salle de soins comme un bloc opératoire où l’on pratiquerait une chirurgie cardiaque toutes les heures ? Rappelons que nous avions interpellé M. Revel au sujet  du mode de calcul de ces indemnités qui est loin d’être juste.

Que dire aussi de l’absence d’engagement  de certains de nos chers assureurs, malgré des demandes répétées de prise en charge de nos pertes d’exploitation ?

Tout ceci ne peut être occulté. Les pouvoirs publics vont devoir se pencher sérieusement sur la question et trouver des solutions concrètes en concertation avec les syndicats avant de voir disparaître ( peut être opportunément ? )  des cabinets dentaires libéraux, alors que  l’État subventionne depuis toujours certains centres dit « low cost ».

 Cette crise aura eu un effet positif. celui de s’apercevoir pour certains syndicats minoritaires, comme par enchantement, que la convention n’est « pas adaptée à notre exercice ». Je dois dire qu’autant de clairvoyance nous surprend de la part de signataires d’une convention supprimant tout espace de liberté y compris sur nos seuls honoraires libres.
En cette période de crise Covid19, nous proposons qu’au minimum un doublement des tarifs de soins conservateurs soit envisagé. Lors de notre discussion avec le Ministre de la Santé, les conditions particulières de reprise avaient été évoquées et il paraissait normal pour tous que de nouvelles négociations conventionnelles débutent dans un délai raisonnable.
Pourtant,à ce jour, aucune convocation ne nous a été envoyée.

En tant que président de la  FSDL, je viens de faire parvenir un courrier au Ministre de la Santé avec copie au directeur général de l’UNCAM au sujet du comportement inexcusable de Nicolas Revel  vis-à-vis de notre syndicat, dont voici un extrait : 

« Le 29 avril dernier, je m’étonnais auprès de vous du fait que l’Assurance maladie avait fait le choix de ne discuter qu’avec ses partenaires conventionnels habituels (en excluant la FSDL) alors même que ce dispositif prend sa place en dehors du champ conventionnel. J’éprouve toujours une certaine pudeur à devoir le rappeler, mais lors des dernières élections aux unions régionales des professionnels de santé, notamment destinées à mesurer la représentativité des organisations professionnelles, la FSDL a obtenu une représentativité de 39.15% pour devenir la première organisation syndicale dentaire française. Pourtant l’Assurance maladie n’a discuté qu’avec des syndicats minoritaires. Imagine-t-on un Gouvernement discuter exclusivement avec les représentants des partis minoritaires et non avec la majorité parlementaire ?

Cette situation est pour le moins incongrue. Elle révèle tout au moins une erreur manifeste d’appréciation.

C’est une faute inexcusable.

C’est un manquement démocratique flagrant.

Certes le directeur général, Nicolas Revel, sait pouvoir obtenir plus facilement de leur part des compromis, des petits arrangements, des petits accommodements.

Ce sont exactement les maux qui frappent depuis quelques années les mesures destinées à régir l’activité des chirurgiens-dentistes. C’est le triste résultat de cette méthode. Mais ce qui est bon pour quelques-uns ne l’est pas forcément pour une profession et plus largement pour les patients.

Nous demeurons dans l’attente d’explications sur cette situation qui, vous le comprendrez, nous a particulièrement contrarié. Sachez que Nicolas REVEL n’a même pas daigné répondre aux questionnements légitimes  et demandes d’éclaircissement de la FSDL quant à cette mesure d’accompagnement économique. »

Notons également que le « SEGUR de la Santé » annoncé comme la priorité d’un gouvernement cherchant à redorer son blason après une gestion approximative de cette crise sanitaire, n’inclut aucun chirurgien-dentiste dans les groupes de travail !

Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des suites données par notre Ministre et si cette situation devait perdurer nous prendrions toutes les dispositions qui s’imposent avec l’appui des milliers de consoeurs et confrères qui nous font confiance depuis tant d’années. N’hésitez pas à contacter vos représentants FSDL régionaux pour faire remonter tous les besoins qui se font sentir dans cette période exceptionnelle.

Patrick SOLERA
Président de la FSDL