Convention ou chèque en blanc ?

L’année 2018 est terminée et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas été de tout repos pour les cadres de notre syndicat investis chaque jour  dans la défense de la profession.

Après 2 années de négociations difficiles, il est regrettable, pour notre exercice libéral, d’aboutir à la mise en place d’une convention qui va restreindre de manière irréversible  notre liberté thérapeutique de soignant par la mise en place de plafonds prothétiques déconnectés de toute réalité clinique.

Cet échec, nous le devons bien entendu à des énarques ayant une vision macro économique de notre métier, alimentée par des campagnes de presse absolument honteuses, niant l’aspect médical de notre quotidien au cabinet, niant également les bénéfices en termes de santé publique d’une politique bucco-dentaire axée sur la prévention et la conservation des tissus dentaires.

Que dire des syndicats minoritaires qui ont cédé lâchement sous la menace d’un Directeur général  de la CNAM, qui jouait sa place dans ce dossier épineux du Reste à Charge zéro, si ce n’est qu’ils en porteront la lourde responsabilité pour les décennies à venir.

Le RAC zéro, mesure démagogique d’un Président de la République en manque de reconnaissance, aurait dû être combattue avec toutes les forces vives de la profession car ce n’est ni plus ni moins que l’instauration d’une CMU bis mais surtout la PRIME à la négligence et aux soins les moins conservateurs.

La dernière pierre angulaire de ce sinistre projet est la mise en place du Tiers Payant Généralisé favorisé par ce Cheval de Troie que représente la prothèse en RAC zéro. Il n’est, en effet, pas concevable pour notre Ministre, comme dans le cadre de la CMU ou de l’ACS, que chaque français puisse mettre la main à la poche pour se faire soigner les dents. Cette vision a déjà montré ses limites dans des pays comme l’Angleterre ou les Etats Unis où une médecine à 2 vitesses s’est imposée tout naturellement. La FSDL ne peut se réjouir d’une telle dérive car en tant que soignant nous avons prêté serment de délivrer des soins conformes aux données actuelles de la science. Pourtant avec cette convention, même les patients qui cotisent plus que largement à des complémentaires santé, se verront imposer indirectement des choix thérapeutiques en fonction de critères de remboursement.

Cette signature conventionnelle peut être assimilée à la signature d’un chèque en blanc avec des clauses de revoyure qui ne tarderont pas à se mettre en place.
Avec des groupes de travail constitués par des syndicats qui ne défendent plus la profession mais sont pris au piège de leur renonciation, le gouvernement n’aura aucun mal à freiner, par voie d’avenant, les maigres revalorisations sur les soins conservateurs ou sortir du remboursement  les actes prothétiques modernes à honoraires libres mais considérés comme « superflus ».

Nous aurions pu nous réjouir d’avoir obtenu seuls, une base de remboursement pour l’inlay onlay à 100 euros  (proposition phare de la FSDL), une prise en charge améliorée des patients atteints par un handicap lourd ou la mise en place d’un groupe de travail sur une mission de prévention mais hélas ceci est largement  insuffisant au regard des orientations destructrices prises lors de ce virage conventionnel.

Nous avons décidé, en tant que premier syndicat de la profession, qu’il était de notre  devoir d’accompagner chaque consœur et chaque confrère dans les différentes étapes de mise en place des mesures de cette nouvelle convention. C’est la raison pour laquelle nous organisons au cours de ce premier trimestre, voir au delà, des soirées de formation GRATUITES, ouvertes à toutes et tous, dans plus de 80 grandes villes (accéder à la carte interactive de nos formations). Certaines de ces soirées sont déjà complètes car il est difficile de répondre à la demande mais soyez persuadés que nous mettrons tout œuvre, avec l’ensemble des cadres, pour vous préparer à cette transition (soirées supplémentaires, site internet dédié à la Convention, Newsletter, Libéral Dentaire etc…).

En 2019, notre syndicat, avec votre contribution, continuera inlassablement son combat sur le terrain contre les centres low-cost, contre l’école privée illégale CLESI/PESSOA, mise à mal par la dernière  condamnation (lire l’article), contre la marchandisation de notre profession et pour un exercice professionnel serein en défendant nos valeurs : Liberté, Responsabilité, Éthique.

Je finirai en vous adressant,  au nom de tout l’équipe dirigeante, les meilleurs vœux de la FSDL pour  2019. Nous vous souhaitons une année heureuse et sereine tant au niveau professionnel que personnel.

 


Patrick SOLERA
Président de la FSDL