Démographie professionnelle

SALECK.Isabelle, le 8 juin 2023

La problématique de la démographie professionnelle est une problématique géopolitique.
La démographie professionnelle est liée à la démographie générale, avec toutes ses variables. Les chirurgiens- dentistes ne sont pas faits autrement que la population générale. La démographie est une géographie sociale qui est bien plus lisible et surtout interprétable sur des cartographies que sur des tableurs Excel qui n’en transcrivent que des statistiques sans en permettre la compréhension et les analyses rétrospectives et prospectives. Cette géographie sociale impose l’usage d’indicateurs autres que ceux relevant de l’assurance maladie et, de par sa nature évolutive, des évaluations régulières et objectives.

Laisser penser qu’un héliotropisme des praticiens est lié à une seule vision hédoniste de leur vie personnelle est très réducteur. Les choix de localisation des praticiens sont avant tout corollaires de la vitalité des bassins de vie. Les professionnels de santé libéraux n’ont pas à payer ou à résoudre des politiques d’aménagement des territoires désastreuses. Si les chirurgiens-dentistes allemands acceptent une régulation à l’installation, c’est parce La question de la ruralité ne se pose pas non plus de la même manière dans les deux pays. Dans la « campagne profonde », en Allemagne, on n’est jamais très loin d’un centre urbain.
https://theconversation.com/reguler-linstallation-des-medecins-la-comparaison-avec-le-cas-allemand-197763

La moyenne nationale de densité , exposée par l’UNCAM , est à ce jour de 52 Chirurgiens-Dentistes Libéraux pour 100 000 habitants, déjà en dessous de la moyenne européenne (74 CDL) à peine atteinte dans des zones dites non prioritaires aux aides financières à l’attractivité. Au 1er janvier 2021, 42 000 chirurgiens-dentistes de moins de 70 ans sont en activité. Le nombre de chirurgien·ne·s-dentistes devrait augmenter de 18 % , soutenu par l’arrivée de professionnels diplomés dans d’autres pays européens, entre 2016 et 2040 pour atteindre 48 800 actifs en 2040 . En 2040, le rapport entre l’offre et la demande de soins dentaires reviendrait à son niveau de 2000.

https://www.drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/8-000-chirurgiennes-dentistes-supplementaires-dici-2040

Résoudre les problèmes d’attractivité des zones sous denses en appliquant des mesures de répulsivité dans des zones mieux dotées est illusoire, c’est l’attractivité même de la profession ou de l’adhésion à la convention qui seront en jeu. Omettre que plus que d’être des offreurs de soins les chirurgiens-dentistes sont d’abord essentiellement des professionnels de santé libéraux, particulièrement attachés à leur liberté d’installation est une erreur stratégique.

L’ouverture de nouvelles facultés d’odontologie, et d’antennes hospitalo-universitaires, le compagnonnage, par le biais de Maitres de Stage Universitaire, l’extension des Contrats d’Engagement de Santé Publique CESP à partir de la deuxième année d’étude  et la création de guichets uniques, permettant des exposés plus lisibles des aides à l’installation tant conventionnelles que territoriales, la délégation de tâches aux assistants dentaires nous apparaissent être des solutions bien plus opérantes qu’une limitation des installations dans des zones qui sont juste mieux dotées que d’autres .


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