Ouverture des négociations conventionnelles

SALECK.Isabelle, le 19 avril 2023

Le discours liminaire du président de la FSDL, Patrick SOLERA

Monsieur le Directeur Général, j’aimerais que l’on débute ces négociations en rappelant ce court extrait, mais si important, du Préambule de la Convention Nationale des chirurgiens-dentistes de 2018:

 « Aussi, ils s’engagent dans une démarche conventionnelle constructive et évolutive, permettant d’engager un dispositif de rééquilibrage favorisant une médecine bucco-dentaire moderne, respectueuse de la préservation de la dent et des tissus dentaires. » 

D’après les données SNIRAM récentes, nous constatons que les soins conservateurs de type « obturation 1 , 2 ou 3 faces » ont diminué en volume depuis 2015 de 3,24 millions.  Dans le même laps de temps les couronnes ont augmenté en volume de 1,74 millions.

Le constat est sans appel, cette convention signée en 2018 n’a fait que creuser le fossé entre les soins conservateurs et les actes prothétiques. Loin de permettre ce rééquilibrage, tant souhaité par les signataires conventionnels, le texte de 2018 oriente irréversiblement les pratiques des chirurgiens-dentistes car il ne peut pas y avoir de changement de paradigme si les soins les plus modernes et conservateurs se maintiennent à des honoraires 2 à 3 fois inférieurs à la réalité du coût du plateau technique.
Ces valeurs cibles avaient précisément été calculées entre l’ensemble des représentants syndicaux, la CNAM et l’UNOCAM lors de groupes de travail. 

Dans ce même préambule de la Convention de 2018, nous pouvions lire aussi :

« Cependant, ils réaffirment que le rééquilibrage ainsi opéré ne permet toujours pas d’atteindre les valeurs cibles pour les soins conservateurs et chirurgicaux. L’objectif de porter la revalorisation de ces actes à une valeur reflétant le coût de la pratique aura donc vocation à se poursuivre au-delà de la durée de cette convention. »

Aujourd’hui, en 2023, nous sommes encore très loin des objectifs et l’UNCAM est parfaitement consciente de cet échec.

Monsieur le Directeur Général, pouvons-nous espérer enfin aboutir à un changement de cap radical avec un nouveau texte conventionnel qui fixerait comme priorité absolue d’atteindre ces valeurs cibles le plus tôt possible ? 

Nous pouvons vous affirmer que rester figé dans une dentisterie qui continuerait à privilégier les actes les plus délabrants et rémunérateurs entraînera l’apparition de « déserts de soins dentaires ».

Contrairement au désert médical connu, le désert de soins est un territoire, une zone géographique où nos patients ne trouveraient plus aucun chirurgien-dentiste pour soigner une simple carie car les cabinets seraient « embolisés » par les actes prothétiques  plus longs à prodiguer.  À ce rythme et n’ayant que 2 bras, le risque est grand de voir la disparition de tous les actes de prévention et conservateurs dans la majorité des cabinets dentaires.

Le seul moyen d’inverser cette courbe néfaste à la santé bucco-dentaire des français serait de redonner de l’attractivité et du sens à notre mission principale de soignant qui ne consiste pas à couronner des dents mais d’éviter l’apparition de la maladie carieuse ou parodontale.

Ne faites pas comme tous vos prédécesseurs en saupoudrant de quelques euros ces soins primordiaux et essentiels  mais osez prendre la seule et unique mesure indispensable en terme de santé publique en attribuant un tarif de remboursement cohérent aux actes qui favorisent la conservation tissulaire. 

L’heure n’est plus aux tergiversations alors proposez nous les bons remèdes, remettez la santé bucco-dentaire de nos concitoyens au cœur de votre projet et la FSDL pourra alors signer cette convention, c’est notre souhait.

 


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