Vous ne serez pas étonnés si on vous dit que les charognards de la profession sont déjà à pied d’œuvre devant la dépouille des centres Dentexia.
Les dirigeants de centres low cost formés à l’école « Steichen » n’ont pas perdu de temps pour essayer de récupérer le matériel des centres fermés dans l’espoir de le réinstaller dans leurs structures. Certains (DENTEGO) négocient déjà les baux des locaux à l’abandon, ce qui démontre toute la noblesse de leurs intentions tandis que d’autres (COSEM, LABELIA) se proposent, la main sur le cœur de reprendre tous les patients laissés à l’abandon, gratuitement bien entendu et sans aucune arrière pensée.
En attendant, les régions dirigées par nos élus URPS ont pris leurs responsabilités et ont engagé un dialogue avec les Agences Régionales de Santé concernées par ce scandale sanitaire ( Rhône Alpes, Ile de France et PACA).
Gérer ce type de problème fait partie des prérogatives des URPS et ces dernières ont décidé de proposer des solutions pérennes pour la gestion de ces patients mutilés ou escroqués.
Au delà de la prise en charge financière (ou indemnisation) qui restera le problème principal auquel devront répondre nos politiques, les dirigeants des URPS ont bien rappelé qu’il faudra tenir compte d’un autre problème: celui de la responsabilité médicale. Nul doute que les assureurs se renverront la « patate chaude » en espérant que le voisin paiera.
Mais une chose est certaine, il est inenvisageable que ce soit les chirurgiens dentistes libéraux qui, dans l’indifférence la plus totale:
- ont assisté à l’ouverture de ces centres en face de leur cabinet à grand renfort de publicité dans la presse quotidienne régionale,
- ont subi le rabattage de leurs patients vers ces centres,
- ont alerté les pouvoirs publics des dérives mercantiles constatées,
- ont rempli leur mission de santé publique chaque jour en assurant les soins de premier recours tandis que ces centres orientaient leurs pratiques sur les seuls soins rémunérateurs,
- ont eu la désagréable surprise d’apprendre dans les médias, de la bouche des patients composant un collectif contre Dentexia que leurs honoraires étaient « prohibitifs » alors qu’ils n’ont pas bougé, pour la plupart, depuis 20 ans et restent conformes aux autres moyennes européennes,
- et pour finir, ont été abasourdis par la demande de ce même collectif d’une « dentisterie sociale » alors que la plupart d’entre nous soignons les bénéficiaires de la CMU et AME depuis 1998, ainsi que les ACS depuis juillet 2015, sans la moindre revalorisation des tarifs de prothèses en 18 ans.
Les professionnels de santé libéraux que nous représentons n’ont pas à payer les pots cassés d’un catastrophe prévisible et annoncée depuis de nombreuses années.
Oui, tout ceci n’est que le début d’un scandale qui va se répéter indéfiniment , tant que la loi HPST de 2009 autorisera des financiers, non professionnels de santé, à ouvrir des structures sous couvert d’association loi 1901 dans le seul but de réaliser un profit maximum au détriment de la santé de nos concitoyens.
Les vautours qui se précipitent sur les vestiges laissés par le « gourou » qui les a formés lors de grands séminaires sur « la rentabilité maximale », continueront de plus belle si notre chère Ministre de la Santé et ses conseillers ne prennent pas au sérieux les enjeux et les conséquences d’une telle aberration sanitaire
Les directeurs de ces ARS seront reçus prochainement par notre Ministre et feront remonter les propositions et les analyses que nos responsables URPS leur ont données au cours des différentes réunions qui ont eu lieu à Lyon.
Dans le même temps, les docteurs Marc Barthélémy (Vice Président FSDL et Président URPS Rhône Alpes/Auvergne), Jean-François CHABENAT ( Vice Président FSDL et Président URPS Ile de France) et moi même allons rencontrer les conseillers de Marisol Touraine en charge du dossier au Ministère de la Santé le vendredi 15 avril.
Il ne peut y avoir de coopération sur les suites financières et assurancielles de la crise Dentexia entre nos instances et le Ministère de la Santé si nous n’obtenons pas de gages sur des mesures fortes qui réglementeront l’activité et l’implantation de ces centres dits « low cost ».
Il est évident que nous ne transigerons pas sur la mercantilisation de notre exercice avec la bénédiction de nos politiques, qu’on se le dise!
Patrick SOLERA
Président de la FSDL