Et si nous parlions prévention bucco-dentaire Madame la Ministre?

SOLERA.Patrick, le 23 octobre 2017

Quels sont les objectifs imposés par Madame Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, dans le cadre de ces nouvelles négociations conventionnelles ?

  • Favoriser l’accès aux soins dentaires et diminuer le renoncement des Français à se faire soigner  pour raisons financières, en régulant les honoraires prothétiques des chirurgiens dentistes en échange de revalorisations tarifaires.
  • Donner la priorité à une véritable politique de prévention.

Pour appuyer son argumentation, Madame la Ministre et désormais le Directeur Général de la CNAMTS, nous expliquent que l’on ne peut pas accepter que “30% des Français renoncent à des soins prothétiques pour des motifs financiers ”.
Mais d’où peuvent ils sortir de tels chiffres ? Certains diront qu’ils sont donnés par les grands mathématiciens de la plateforme téléphonique Santeclair et ils n’auront pas forcément tort tant les liens entre le collectif de patients CISS, la revue 60 Millions de Consommateurs et le réseau Santeclair sont étroits. Ces pourfendeurs de l’intérêt des patients ont même  créé un « Observatoire citoyen des restes à charge de santé... Mais oui, vous avez bien lu !

Dans le domaine médical comme dans tout autre domaine économique, une analyse du comportement des Français s’appuie sur des études reconnues, fiables  et reproductibles, faites par des organismes comme l’INSEE (DREES) ou l’OCDE.
Quels chiffres fiables nous donnent alors ces institutions ?
Nous sommes très éloignés des 30% martelés par tous les médias à la solde des compagnies assurantielles car, d’après la DREES (P14 du document en lien), seulement 3% de la population française avoue un renoncement aux soins faute de budget .
D’autres chiffres (P155 du document en lien) placent la France juste devant la Slovénie dans les pays européens où le reste à charge est le plus faible.
Avec de tels résultats, connus désormais de toutes et tous, y compris du Ministère de la Santé, il serait anormal de mettre en place une politique contrainte de plafonnement prothétique sur notre seule activité à honoraires libres.
Et pourtant ! Lors de la dernière réunion de négociations conventionnelles, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que le seul but, pour certains, serait de “limiter les revalorisations à moins d’actes et viser des tarifs cibles afin de dégager davantage de visibilité aux praticiens” pour jouer les amortisseurs à un plafonnement tarifaire qu’ils ont déjà acté.
Pour d’autres, de proposer la création d’un panier de soins plafonnés, indispensables ou essentiels, on ne sait plus trop,  laissant le choix à notre Ministre d’y inclure les actes et les tarifs sur le modèle déjà existant du panier CMUc.

La FSDL, quant à elle, a parlé  de “Santé publique” plutôt que de “plafonnements” car tout le monde sait parfaitement que l’on ne soignera pas mieux en contraignant les professionnels de santé qui remplissent déjà plus que largement leur rôle social dans le cadre de la CMUc et de l’ACS, mais bel et bien en investissant dans la prévention et les soins de qualité.

En conclusion, notre syndicat propose, au-delà d’un changement de paradigme, une véritable transition qui mettrait au cœur de nos pratiques la prévention et les soins conservateurs. Pour autant, cette nouvelle approche ne pourrait se faire sans une rémunération juste et appropriée pour le praticien, garant de la bonne santé orale de nos concitoyens, exempts de pathologies dentaires.
Le plafonnement de nos honoraires libres n’aurait alors aucun sens au regard de l’amélioration de la santé bucco-dentaire dentaire de patients enfin responsabilisés.

Les travaux en « groupe technique » avec l’Assurance Maladie et les complémentaires santé devront  donner des résultats concrets, il en va de l’avenir de nos pratiques pour les trente prochaines années !
Ne ratons pas une occasion unique de remettre la santé de nos patients au centre de nos préoccupations et arrêtons avec des considérations financières tronquées qui tireraient inévitablement notre profession vers une dentisterie low-cost, inacceptable pour nos patients comme pour nous !

 


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